La tutelle
L’Institut né au XVIIème siècle connut la tourmente de la Révolution puis de l’exil à cause des lois de Séparation de l’Eglise et de l’Etat ; les communautés furent dispersées et la Maison-Mère jusqu’alors à Rouen se trouva à Bruges en Belgique puis à l’Ecluse en Hollande …
En 1928, les sœurs ont acquis la maison de Neuvillette : un bois abandonné , des broussailles à défricher , des communs à nettoyer , un pigeonnier endommagé qui témoigne du passé …ni eau , ni électricité ! une petite maison à l’entrée (les tilleuls) et une grande allée : au fond …un château !
Dès 1935 , les sœurs sont demandées pour l’école paroissiale .
La guerre de 1940 oblige à prendre en charge les élèves des maisons de Dunkerque , Rouen ou Dieppe exposées aux bombardements et comme le nombre de réfugiés augmente , le 31 Août 1941 , il faut recourir à une déclaration officielle : c’est ainsi qu’est né le pensionnat de Neuvillette !
Qui est donc Nicolas Barré ?
Nicolas Barré naît à Amiens le 21 Octobre 1621 , dans une famille profondément chrétienne de commerçants aisés .Quatre filles naîtront après lui .
Amiens est une ville prospère …mais les temps sont durs : en 1632 la peste emporte 25000 habitants , puis c’est une inondation dévastatrice de la Somme et la guerre !
Le jeune Nicolas entre à l’âge de 10 ans au collège des Jésuites : il réfléchit , cherche à secourir les victimes , se demande quelles sont les causes de tous ces malheurs …Il se sent appelé à marcher dans les voies de Jésus , à le révéler aux plus pauvres .Lorsqu’il termine ses études , à 19 ans , il veut devenir prêtre . Il désire évangéliser les milieux populaires .Il entre chez les “Minimes” ( ” les Bonhommes” ) dont la devise est “Charitas” .Saint François de Paule , qui a fondé cet ordre deux siècles plus tôt dans le sud de l’Italie ,était venu en France appelé par le roi .Les Minimes sont entièrement voués à la conversion des cœurs par tous les moyens : prédication , évangélisation des plus défavorisés , ascèse et réforme de sa vie personnelle , combat pour la justice . Les Minimes habitent dans des monastères situés le plus souvent en banlieue des villes pour vivre en même temps le silence et la proximité avec les plus “minimisés”, ceux qui sont en situation de précarité .
Comme Nicolas Barré est un jeune homme brillant , un prédicateur reconnu pour ses qualités de discernement , ses supérieurs le nomment à Paris dans le célèbre couvent de la Place Royale : là , les Grands de la Haute Société se retrouvent et les “gueux ” sont mis dehors …. Nicolas ne sait plus où il en est de sa vocation initiale : c’est la nuit ! il tombe malade …. et après deux ans de recherche tâtonnante , de marche dans l’obscurité …Nicolas sort du tunnel ! Il restera fragile et fort à la fois , de cette force qui vient d’Un Autre qui vous habite : le Ressuscité qui transfigure tout visage . Désormais , le Père Nicolas Barré va se donner entièrement aux plus petits : bouleversé par les enfants qui traînent les rues de Rouen , il décide de s’attaquer à la racine de tous les dérèglements que l’on déplore à l’époque en y remédiant par l’éducation .
Il crée les petites écoles populaires et gratuites pour les filles , puis pour les garçons , les écoles du travail pour apprendre un métier. Il essaie de faire expérimenter à de pauvres gens qu’ils peuvent connaître le bonheur , fonder leur famille sur des repères et donner du sens à leur vie. A partir de là , il peut leur annoncer Jésus Christ le Sauveur. Ce sont des jeunes femmes de 20 à 25 ans , touchées par ce même mal qui atteint l’enfance , qui vont s’atteler à la tâche avec lui : ce seront les premières sœurs de l’Enfant Jésus ; elles vivent dans une telle confiance en Dieu que le peuple les appelle “sœurs de Providence”.